Parcours vers l'art thérapie et rencontre avec Maurice Braultpar Marie Line Noel, artiste acadienne, art thérapeute Mon cheminement "artistique" lors de mes études en enseignement des arts me dirigeait vers l'art thérapie bien avant que j'en sois pleinement consciente. Sortant de l'univers du design de mode, la transition de l'extérieur (créer des objets de consommation - matérialisme) vers l'intérieur (créer à partir de soi - l'humain) se fit à l'aide de deux professeurs significatifs. Voici mes premières rencontres non officielles et officielles avec l'art et l'art thérapie. Issue du domaine de la mode, quand je voyais une toile mes réflexes et envies étaient de percer, découdre, effilocher, trouer, teindre et recoudre. J'admirais le travail artistique de Ghada Amer. Mais pour Claude Gauvin, coudre ou broder ce n'était pas de la peinture. 1992. Étudiante en enseignement des arts, Gauvin professeur de peinture m'avait offert la vie de Georgia O'Keeffe sur cassette VHS. Je devais lui remettre un travail de quelques pages sur les points que l'on avait en commun. Point tournant, elle m'avait offert la découverte d'une muse autant dans sa forme picturale par les transparences, la force et la douceur de ses oeuvres, que dans cette personnalité à la fois assumée, forte, volontaire et indépendante. O'Keeffe était enseignante en art, mariée au photographe Alfred Steiglitz. (Voir le film Georgia O'Keeffe avec Joan Allen et Jeremy Irons) La citations qui suit est celle qui m'inspire encore aujourd'hui dans ma pratique de l'art thérapie. Depuis l'adolescence, l'art (ma créativité sous toutes ses formes) était déjà un moyen de mettre des mots sur les maux.
Pierre N Leblanc, professeur d'estampe et de photographie tentait lui aussi de me guider vers de l'art qui "exprimait quelque chose", vers de l'art qui exprimait ma vision de sujets importants à l'époque. Qu'est-ce que j'avais à dire, comment le dire et avec quel médium le message serait le plus efficace ? Il me répétait souvent de "faire des connexions", "d'explorer son univers personnel", "de documenter". L'estampe a ouvert cette brèche. Puis la photographie a précisé le message pour se terminer et retourner en peinture, avec approbation de Gauvin. Ces deux guides précieux exprimaient pour moi la même chose : l'art c'est une affaire personnelle. Mais aussi comment inspirer quelqu'un à approfondir sa démarche en favorisant la recherche et l'exploration dans le respect de l'unicité de la personne.
Emballée par cette nouvelle conscience de la puissance d'expression, j'organise une session photo chez Frenchy's à Moncton (pour les gens qui connaissent) où j'entasse des piles de tissus diaphanes et dentelles fines, des sous-vêtements et des voiles. Ces forts contrastes de noirs et de blancs, d'opacité et de transparence me fascinaient. Mode, féminité, femmes, harcèlement, violences, images stéréotypés, pression de l'apparence, voyeurisme, male gaze, boulimie ; j'étais devenue anti-mode, féministe, dénonciatrice et activiste. L'archétype de la femme blessée semblait se pointer cachant une guerrière toute aussi puissante. Ce processus d'images photographiées inspira une série de toiles : In Sanity. J'avais enfin trouvé des choses à dire en images.
La rencontre avec Maurice Brault1995. Encore étudiante au BAVE, je tombe sur un dépliant sur la thérapie par l'art. Chez nous? Je n'en revenais juste pas. Curieuse, je rencontre Monsieur Brault au majestueux et historique Hôtel Paulin de Caraquet. Une vue magnifique sur la Baie des chaleurs suffit à me détendre. La curiosité et l'espoir accompagnent bien le doute et les attentes. Suite à son accueil chaleureux, il m'invite gentiment à un premier dessin en utilisant les matériaux disponibles devant moi. Un dessin spontané de l'ordre du gribouillis; j'occupe rapidement l'espace avec un pastels gras. J'en dis peu de chose, mais je me sens plus détendue. Suite à ce premier dessin, la consigne est de représenter ce qui est présent en ce moment. Je me souviens de mon hésitation, d'être sur mes gardes un peu méfiante. Au pastel sec, apparait une fleur, au dessus d'un petit bourgeon. Cette image me touche déjà sans trop savoir pourquoi. Tu peux lui donner un titre, me dit-il. "Famille, comme une mère et l'enfant", dis-je. Alors, il me demanda de sa voix douce et posée, laquelle es-tu, la fleur ou le bourgeon? J'étais à la fois submergée par l'émotion et surprise que malgré moi l'image parlait de mon vécu aussi clairement. Il m'informe que l'université Concordia offre un programme de maitrise en thérapies par les arts...en anglais. 2000. Cinq ans après, je débutais mes études en art thérapie à l'UQAT alors que je travaille à temps plein comme enseignante en art au secondaire. J'ai obtenu les certificats pour le microprogramme, le DESS et la maitrise en art thérapie à cette même université; le seul programme francophone en art thérapie au Canada. Dans un prochain article, je vous présenterai mes "muses" en art thérapie, celles qui ont inspiré mon approche et inspiré la création de l'approche Kré Art Yoga.
Articles sur l'oeuvre de Maurice Brault, pionnier en art thérapieL'art pour soigner le cancer
L'art au service de la vie L'approche studio libre en art thérapie https://www.researchgate.net/publication/283909915_L%27APPROCHE_STUDIO_LIBRE_EN_ONCOLOGIE_DESCRIPTION_DE_L%27ATELIER_D%27ART-THERAPIE_OFFERT_PAR_MAURICE_BRAULT_A_LA_FONDATION_QUEBECOISE_DU_CANCER_THE_OPEN_STUDIO_APPROACH_IN_ONCOLOGY_A_DESCRIPTION_OF_THE_ART
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Marie Line NoelQuand la vie devient processus kréatif! Archives
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